Une marche un peu tiède
Samedi 13 octobre, sous un soleil trop éclatant pour la saison, un peu moins de 15000 personnes ont marché pour le climat de la place de l’Opéra à celle de la République.
Alors que le cortège n’avait pas démarré, nous avons discuté avec une manifestante. Elle déplorait que les partis en fussent : un sujet aussi fondamental que le climat avait besoin que l’on rassemble et pas que l’on divise. La présence de formations de gauche pouvant être repoussoir pour des citoyens de droite, il aurait été préférable que celles ci ne soient pas officiellement présentes pour éviter toute “récupération”.
Or, présentes, elles l’étaient : EELV, le Parti Pirate, Génération-s, le PCF, Ensemble et, bien sûr, les gros bataillons de la France Insoumise qui se sont d’ailleurs révélés passablement envahissants.
Cependant le cortège de tête était majoritairement associatif. Et c’est en scandant des slogans finalement très consensuels, comme (“les petits pas, les petits pas, ça suffit pas”) que les quelques manifestants ont traversé les beaux quartiers parisiens pour arriver à une place de la République où un petit village associatif avait été monté.
Si quelques affiches ont fait preuve de créativité et de sens de l’actualité
et si, de façon très modérée, certains s’en sont pris à la pollution publicitaire,
l’ensemble restait tout de même assez inoffensif. Au point que François de Rugy a même pu se permettre de faire sur Twitter la démonstration de ses redoutables talents d’opportuniste :
On touche là les limites de l’apolitisme, quand la même action, la même révolte, est revendiquée autant par le pouvoir en place que par ses opposants et concurrents farouches. Disons le tout net : s’il faut rassembler les citoyens pour cette cause fondamentale qu’est le dérèglement climatique, cela ne pourra pas se faire sans discours politique et sans discours qui dérange.
Les partis d’opposition, balkanisés dans la perspective des élections européennes des prochains mois seront ils capables de porter un message à la fois tranchant et commun ? Rien n’est moins sûr tant les leaders nationaux sont empêtrés dans des considérations tactiques. Mais une marche comme celle d’hier a du moins ce mérite : dans les cortèges, les militants et les citoyens, eux, se parlent et échangent.
Et cela peut constituer un début. Espérons juste qu’il soit encore temps.