Un avant goût de démocratie sociale
Pour être honnête, en découvrant ce courrier sur les réseaux sociaux, j’ai d’abord cru à un fake. Un directeur d’un intermarché qui lance un référendum d’entreprise pour supprimer les congés d’été, c’est déjà gros. Qu’il l’annonce au moyen d’un courrier lyrique et conquérant constellé de fautes d’orthographes, voici qui ajoute à la suspicion. Mais comment croire qu’un directeur de grande enseigne se permet des sorties de route juridiques dignes d’un scrutin en Corée du Nord : “je placerai l’unanimité (sic) non pas à 50% mais à 60%” alors que les deux tiers des voix sont exigés pour de telles modifications. Ou, surtout, les cultissimes “ce vote n’est pas anonyme car je considère que nous devons tous assumer nos décisions” et “Les votes non exprimés seront pris en compte pour un OUI pour ne pas se retrouver avec une participation trop faible”.
Sauf que voilà, Le Parisien, qui n’est pas précisément un titre de gauche, confirme la plaisanterie. Le directeur de l’Intermarché s’appelle Jean-Pierre Le Berrigo et non, ce n’est pas un rédacteur de LeGorafi.
Le siège d’Intermarché a sifflé la fin de la récré “dans ce cas précis, ce référendum ne respecte pas la réglementation du secteur. Il est donc nul et non avenu et les résultats ne seront pas pris en compte. “. Fin de la rigolade et de la polémique ? Les promoteurs macronniens du référendum d’entreprise peuvent-ils se féliciter de ce que les garde-fous ont fonctionné ?
Au delà de la blague qui nous renseigne à quel niveau Intermarché recrute ses directeurs, nous ne pouvons nier une évidence : la flexibilité accrue du droit du travail voulue par Macron imprègne profondément certains esprits. Et il est loin d’être exclu que l’avenir ne nous réserve pas d’autres plaisanteries dans le genre tant s’accélère le train des réformes libérales et antisociales. Alors, Jean-Pierre Le Berrigo : incompétent illetré ou promoteur du nouveau monde juste un peu en avance sur son temps et qui a eu la malchance de tomber sur des gaulois réfractaires au changement ?
L’avenir nous le dira…