#saveyourinternet : La Sacem, une mauvaise joueuse aux arguments fallacieux

Les pirates n’ont pas eu beaucoup de raisons de se réjouir ces dernières années. Aussi nous ne boudons pas notre plaisir suite au vote, le 5 juillet, du parlement européen contre une réforme du copyright dont nous n’avons eu de cesse de pointer la dimension liberticide. Mais elle a laissé le lobby des ayants-droits amer.  A tout seigneur, tout honneur : parmi tous les communiquées fallacieux, c’est à celui de la SACEM, particulièrement gratiné, que nous avons choisi de répondre. Et pour cela nous utilisons Argumentum, le jeu de carte des arguments fallacieux, que nous vous invitons à découvrir ici.

Les députés européens, réunis en assemblée plénière, ont rejeté le mandat de négociation de la directive droit d’auteur voté en Commission Affaires juridiques deux semaines auparavant et adopté pourtant avec une majorité confortable de 15 voix pour et 10 contre.

Ce résultat est le fruit d’une violente campagne des GAFA qui a manipulé l’opinion d’une grande partie des parlementaires européens au mépris du travail accompli par leurs collègues membres de la Commission Affaires juridiques.

Première carte jouée : empoisonner le puit. Les GAFA sont opposés à la loi sur le copyright et tout le monde sait que les GAFA sont très méchants.

En déplaçant artificiellement une véritable problématique économique et de rémunération sur le terrain de la liberté d’expression, détournée en slogan pour préserver en réalité leurs recettes publicitaires, les géants de l’Internet ont trompé les consommateurs, les citoyens européens et la majorité de l’assemblée plénière européenne.

Deuxième carte, l’attention sélective : la SACEM oublie tranquillement que la loi sur le copyright a été combattue par des centaines de milliers de citoyens européens et d’innombrables associations qui, pas plus que Bonny and Read, ne perçoivent de recettes publicitaires.

Nous vivons dans un monde où il y existe des règles destinées à protéger les faibles vis-à-vis des forts, Internet fait partie de notre vie et doit donc être régulé. A défaut, c’est la loi du plus fort, celle des géants de l’Internet, qui s’imposera aux artistes.

C’est par un déchirant appel à la pitié que la SACEM poursuit son argumentaire. En luttant contre la loi sur le copyright nous condamnerions à la misère les artistes… quelle responsabilité !

Ce n’est que partie remise car les députés européens vont devoir déposer, en septembre prochain, de nouveaux amendements sur ce texte. Les artistes restent donc mobilisés pour que ce texte ne perde pas de vue son objectif premier : rééquilibrer les relations contractuelles entre les créateurs et les plateformes en ligne afin d’encourager la diffusion des œuvres tout en garantissant une juste rémunération des créateurs sur Internet.

Et pour finir en beauté, un magnifique sophisme de composition. Non, tous les artistes, loin s’en faut, ne luttent pas pour la loi sur le copyright : beaucoup la combattent. Et non, la SACEM, organisme collecteur de droits au fonctionnement opaque ( relire notre article ici ), ne représente pas tous les artistes.

Nous, pirates, ne nous entendrons sans doute jamais avec la SACEM. Mais nous apprécierions de pouvoir mener un dialogue constructif avec des contradicteurs rationnels et sérieux. Vue la succession d’arguments fallacieux du communiqué sur la loi sur le copyright, ce n’est pas gagné.