Défilé du 14 juillet : Si tu veux la guerre, montre le SNU

La France se prépare à un état de guerre long, susceptible de prendre de l’ampleur. Fidèle à sa tradition militaire, elle fabrique des armes, elle renouvelle son arsenal nucléaire. Mais comme la guerre change, La France s’adapte et elle éduque robots et drones à automatiser les combats, en même temps qu’elle organise de véritables troupes privatisées et une armée pour les nouveaux terrains de lutte : Internet et, pas plus tard que ce matin, l’espace.
Dans ce contexte, côté jeunesse, il ne s’agit plus de préparer de la chair à canons mais plus précisément des cerveaux à canons. Des citoyens capables, non pas de batailler eux-mêmes,mais d’admettre la nécessité de la guerre et ses conséquences, à savoir: des morts civils en France, des pans entiers de la planète déconnectés ou détruits. Il faut pour la France des cerveaux pour outiller la guerre et des cerveaux pour l’accepter.
C’est ainsi qu’il faut interpréter l’effort de guerre inédit qu’a entamé la France ainsi que la mise en place du Service National Universel qui l’accompagne. Et il faut craindre les efforts actuels faits par la France pour entraîner l’Europe dans la création d’une armée européenne. Sous le prétexte que la France deviendrait le seul pays de l’Union à disposer de l’arme nucléaire après le Brexit, s’imposerait-elle comme l’acteur principal de la politique militaire de l’Europe ?
Le péril jeune
L’erreur est de croire à ce que ce service est une nostalgie électoraliste, celle qui bande encore à la vue de gamins en uniformes alignés à chanter au drapeau. Ce SNU est bien une brique de l’éducation obligatoire visant à focaliser la jeunesse sur l’horizon Nation : c’est dans l’esprit de nos gouvernants le seul horizon dans lequel ils existent et le seul qu’ils pensent pouvoir encore maîtriser.
Les questions internationales de coopération et de destin écologique universel, dans lesquelles la jeunesse s’est déjà bien engagée, ne rentrent pas dans l’agenda politique national et elles vont à l’encontre des pouvoirs militaires et économiques. Et, bien sûr, ces questions sont par nature étrangères à l’emprise de la surveillance généralisée, à la censure et l’embrigadement, seules soupes dont nos élus nationaux nous gavent.
Résister au SNU, c’est à nouveau poser une objection consciente à cet avenir morbide et guerrier, à cette construction volontaire de la catastrophe. Notre survie passe par une jeunesse dé-nationalisée, prête à suivre les chemins des grandes consciences de paix et de science, tels Jacquard ou Einstein qui ont tant tiré la langue à ceux qui marchent au pas.