De quoi la Macronie est-elle le nom ?

“La dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours”. Où en sommes nous en France 2019 ? Probablement entre les deux tant il est évident que la réalité est moins binaire qu’on nous le dit. Il est sans doute un peu ridicule de parler de dictature alors qu’on est tout à fait libre d’écrire, au chaud, contre les dérives sécuritaire française. Les Chinois, les Iraniens, n’ont pas cette chance. Voltaire et Diderot étaient contraints à beaucoup plus de prudence.

Pour autant, comment nommer un régime qui, conscient du fait que les LBD causent des mutilations horribles, en commande de nouveaux stocks dans l’objectif crânement affiché d’éborgner plus d’opposants politiques ? . Et la loi dite “anticasseurs” qui affranchit l’administration de la tutelle judiciaire alors qu’il s’agit de ficher les citoyens et de les empêcher d’utiliser leur droit constitutionnel à manifester ? Qu’ un député de centre droit peu suspect de sympathie libertaires, s’effraie d’une dérive liberticide, voici qui devrait alerter.

Castaner argumente : les interdictions de manifester ne s’appliqueront qu’aux méchants casseurs. Le croire serait le comble de la naïveté. Il n’a fallu que quelques semaines pour qu’un état d’urgence déployé pour combattre le terrorisme islamique prive de liberté les opposants écologistes au gouvernement. Les mesures administratives auront la même précision que les grenades qui ont mutilé des dizaines de citoyens ne présentant aucun danger pour qui que ce soit .

On cause toujours et toujours

Alors, sommes nous en dictature ? Pas vraiment puisqu’on cause toujours. On cause même à pleins seaux, sur les réseaux sociaux et en direct. Jamais notre oligarchie n’a été aussi bavarde, aussi friande d’échanges avec le peuple, aussi créative dans le déploiement de nouveaux dispositifs médiatiques interactifs. “Les français ont besoin d’être écoutés” répète t-on à l’envie, comme si le peuple était un grand adolescent en quête de reconnaissance affective. Passons des actes à la parole. Le remède à la crise des Gilets Jaunes ? Le Grand Débat. Et le premier des citoyens français, Emmanuel Macron, donne personnellement l’exemple. Une série de rencontres cadrées où se déploie avec brio le nouveau programme du président-candidat au référendum et l’éditocratie se pâme d’émerveillement, le doigt sur la couture du pantalon .

Sauf qu’il est des sujets qui fâchent. Le RIC est entré dans le débat public et pour la première fois depuis longtemps les questions de gouvernance passionnent les citoyens. Qu’à cela ne tienne : le capitalisme a ceci de précieux qu’il sait toujours répondre aux besoins d’un marché  en protégeant les intérêts des puissants. La macronie startupeuse pousse l’entreprise Cap Collectif au centre du jeu. Merveille du libéralisme 3.0 : les premiers de cordées sont en passe de privatiser la démocratie.

Un pouvoir liberticide, brutal et arbitraire. Un débat immense mais qui ne forme qu’un galimatia incompréhensible, capitalisé in fine par une plateforme informatique au code fermé. Plus que jamais il est difficile de répondre à la question : de quoi la Macronie est elle le nom ?