Benalla, l’autre nom de l’état d’urgence
Rappel des faits, simples et têtus :
- Des images circulent sur les réseaux. Elles témoignent d’une violence « policière ». Elles ne donnent suite à aucune enquête judiciaire ou administrative.
- Sur ces images, les policiers ne s’interposent pas entre l’agresseur et l’agressé. Suite à la révélation du Monde, on apprend que le premier se trouve être Alexandre Benalla, monsieur sécurité du président de la république.
- Toute la hiérarchie du gouvernement (cabinet du Président à l’Elysée et ministre de l’Intérieur notamment) s’autorisent à ne pas dénoncer des actes manifestement délictueux et « couvrent » un membre du premier cercle d’Emmanuel Macron.
- Alexandre Benalla, employé par l’Elysée, s’est pensé autorisé à violenter impunément au moins deux personnes. Pour rien. Ou pour le fun.
Le symptôme, c’est cela, depuis longtemps dénoncé : l’état d’urgence et les lois qui en sont issues prônent une hiérarchisation des valeurs qui minimise l’importance des violences policières. Qui dégénèrent même ici en violences extra-policières. Le pouvoir politique, prisonnier de son discours sécuritaire, est contraint de couvrir ces agissements.
Le public accepte cet état de fait et seule une circonstance incroyable provoque l’indignation.
Les lois sécuritaires de ces dernières années ont autorisé les écoutes intempestives, les privations de liberté non justifiées, les perquisitions au doigt mouillé. Résultant ? Un employé en vue de l’Elysée, en pleine lumière, croit pouvoir tabasser des gens en toute impunité. Alors qu’attendre de tous ceux qui, dans l’ombre, peuvent agir selon leur intérêt propre ou leur impulsivité ?
Seule la publicité des actes administratifs garantit l’application de l’état de droit. Seule l’application de la loi par ceux qui sont en charge du pouvoir garantit l’acceptation de la loi. L’état d’urgence et la pratique du pouvoir qu’il induit est néfaste aux libertés et d’abord à celle du citoyen d’être en sûreté vis-à-vis de son propre gouvernement.