2019 et la liberté

Il est bien trop tôt pour tirer un bilan de la séquence “Gilet Jaunes”. Mais alors qu’au mois de janvier, la mobilisation ne faiblit pas apparaît déjà une tendance lourde. Le gouvernement entend profiter des événements pour restreindre de façon extrêmement grave la liberté des citoyens.

Qu’importe à ce stade ce qui restera de la sinistre loi anti casseurs de Castaner et qu’importe que les invocations d’Emmanuel Macron pour mettre fin à l’anonymat sur les réseaux sociaux soient ou non suivies d’effets. Le cap est fixé. C’est celui de l’assujettissement de nos libertés.

A ce stade, on se doit de dézoomer un peu. Cela demande aux pirates des efforts pour conserver le moral. Car nous sommes des Cassandres solitaires. De l’affaire Snowden à la promulgation de l’état d’urgence, nous n’avons eu de cesse d’alerter les citoyens sur les dangers qui pèsent sur les libertés : c’est une tendance lourde de l’oligarchie que de vouloir réduire au maximum les libertés des citoyens.

Nous avons le souvenir de notre manifestation pro-Snowden, au Trocadéro, où nous n’avons rassemblé que quelques dizaines de personnes : de loin on nous prenait pour un groupe de touristes. Quelques années plus tard, des dizaines d’associations appelaient à se mobiliser contre l’état d’urgence : tous ensemble nous ne comptions que deux ou trois cent citoyens Place de la République. Nous savions alors que l’incontestable défaite que nous essuyions sur le terrain serait le prélude de drames et de souffrances. L’effroyable bilan de la répression policière des dernières semaines nous en offre aujourd’hui la démonstration tragique

Il faut se battre pied à pied et ne rien lâcher car une défaite sur le terrain de la liberté d’expression entraînera une défaite sur tous les autres. Les gens ont le droit de se rassembler pour échanger des idées et pour contester, que ça soit dans la rue ou sur les réseaux. Et le rôle de l’Etat est de les protéger dans l’exercice de ce droit : ni de les ficher, ni de les empêcher, ni de les tabasser, ni de les mutiler.

Nous avons tous un copain au centre droit et c’est lui qu’il faut interpeller : dis, mon pote, la start up nation, est-ce que c’est comme ça que tu la vois ? C’est ça la nouvelle France “En Marche” ? Une bourgeoisie effrayée protégée des perdants de la mondialisation par un rideau de brutalité policière ?

Hier, des attentats permettaient à l’exécutif de déployer un état d’urgence intégré depuis dans le droit commun. Aujourd’hui, quelques vitrines cassées et des débordements  mineurs entraînent une répression policière d’une violence inédite depuis 1961 et une remise en cause du droit de manifester ainsi que de la liberté d’expression sur internet. Et demain ? Jusqu’où se réduiront encore nos droits  ?