La société coopérative 3.0

Jean-Marc Rogier, docteur en économie, signe aux éditions du Pommier un court essai consacré aux modèles émergents de la coopération économique : “La société coopérative 3.0”. En plaçant sa réflexion dans une perspective historique, il dresse un état des lieux de la société numérique qu’il prolonge de réflexions prospectives sur l’organisation des modèles de concurrences et de coopérations.

“La société coopérative 3.0” manque parfois d’exemples concrets pour appuyer les différentes étapes de son raisonnement. Le livre y gagne en compacticité mais le propos, du coup, est parfois difficile à suivre pour de non économistes peu familiers avec les termes et concepts employés. L’auteur passant volontier de l’analyse au prospectif, le lecteur a pour le moins intérêt à rester concentré s’il veut suivre.

L’essentiel du propos de Jean-Marc Rogier s’appuie sur la théorie des communs, notamment dans le domaine du numérique. Comment faire pour que l’économie collaborative serve au plus grand nombre et ne soit pas accaparée par de puissantes plateformes monopolistiques ? Comment faire vivre la double réalité de la concurrence et de la coopération dans l’univers numérique afin d’enrichir et de fertiliser un environnement global et non pas seulement quelques happys fews capitalistes ?

Economie de la connaissance

Jean-Marc Rogier interroge l’économie de la connaissance et de la formation, celle des données personnelles et plus généralement la sphère des idées. Imaginer un système qui valorise l’échange et la diffusion plutôt que la vente et la rétention ouvre des perspectives immenses et qui sont, finalement, celles de l’internet des origines.

C’est en rappelant l’importance et la valeur des individualités que Jean-Marc Rogier conclut son ouvrage. De prime abord, c’est assez étonnant de la part d’un auteur clairement influencé par le marxisme mais les dernières pages du livre dépassent ce paradoxe : coopérer et transmettre, ça n’a de sens que dans un environnement non normalisé, ni “somme d’égoïsmes”, ni “collectif discipliné”. La société numérique sera un succès si elle permet, in fine, de “jouir en commun de nos connaissances sans crainte d’en être dépossédés”.

D’une certaine façon, ce livre laisse le lecteur sur sa faim. Y sont abordés, de façon originale, une bonne part des principaux concepts économiques pirates. Articuler ces idées sur des propositions concrètes et opérationnelles pourrait être passionnant. Mettons qu’après la lecture de “La société coopérative 3.0”, la balle soit dans notre camps, à nous tous.